Vivre à Paris

Sur les quais de Paris

Pour le touriste ou le simple badaud parisien, la promenade sur les quais de Seine est incontournable. On a tous en image la scène onirique où Goldie Hawn et Woody Allen dansent en apesanteur, quai de la Tournelle, dans Tout le monde dit I love you. On oublie toutefois que pendant des siècles, les bords de Seine étaient une zone fangeuse et difficile d’accès.

La terre s’y enfonçait dans l’eau, comme en n’importe quelle rivière. Et les glissements de terrain étaient fréquents. C’est Philippe le Bel qui, le premier, décida de tout consolider, à l’aube du XIVe siècle.

Ainsi demanda-t-il au Prévôt des marchands (l’ancêtre du maire de Paris) d’élever un quai rive gauche, au niveau des actuels quais de Conti et des Grands Augustins. Au cours de l’histoire, le nom des quais à souvent changé et parfois de façon étrange. L’origine du Quai Malaquais remonterait à la Reine Margot. La première femme d’Henri IV avait acheté les terrains du petit Prés au Clercs de façon plus ou moins honnête. On dit qu’elle les avait « mal acquis »… Sur l’île de la Cité et sous le Palais de Justice, le Quai de l’horloge s’est longtemps appelé Quai des morfondus…parce qu’on s’y morfondait en attendant l’ouverture des tribunaux.

Les lieux prendront ensuite le nom de « quai aux lunettes », car les opticiens y tenaient commerce. D’une manière générale, c’est au début du XXe siècle que les bords de Seine prennent leur physionomie actuelle. Dans les années 20-30, les berges sont rehaussées, on supprime les dernières écluses (telle l’écluse de la Monnaie, mise en service en 1838, entre la pointe du vert galant et l’hôtel des monnaies) et on élargit les Ponts de la Concorde, de la Tournelle, d’Iéna…

Pour avoir une idée de la vie sur la Seine au début des années 30, il faut revoir le génial Boudu sauvé des eaux, de Jean Renoir. On y voit encore des gravières sur les quais du Louvre ainsi qu’une école de natation sous le pont des arts. Nager dans la Seine semble aujourd’hui impensable: toute une époque !