Vivre à Paris

La campagne à Paris

Il est loin le temps où Balzac allait flâner dans les vergers de Montparnasse. Le temps où la rue de la Gaité était un petit chemin de campagne, par-delà les barrières du Maine, bordé de guinguettes, de restaurants et de cabarets. Où la trouve-t-on, aujourd’hui, cette campagne parisienne ? Autant la chercher dans la toponymie des quartiers et des rues.

Le mot Grenelle signifie « petit Garenne » et désigne une exploitation agricole qui appartenait à l’abbaye Sainte Geneviève. Lotie en 1823, elle est devenue commune en 1830 puis fut annexée à Paris en 1859. Son dernier fermier était monsieur Frémicourt…

Autre ferme célèbre, celle des Ternes, ou plutôt d’Esterne, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel… arc de triomphe ! Elle  était la terre la plus éloignée de Paris, donc la « terra externa ». Enfin, celle de la Grange Batelière a laissé son nom à une rue et à un lac fantôme (qui n’existe que dans l’imagination de Gaston Leroux). Située dans le quartier de l’hôtel Drouot, elle appartenait aux chanoines de St Opportune.

D’une manière générale, les grandes congrégations parisiennes étaient propriétaires de ces terres aux portes de la ville. Ainsi le « gros caillou » était-il une borne servant de limite à la censive de l’abbaye de st Germain des Prés. Ce nom même rappelle que les champs étaient partout. Alors que les Halles furent établies sur le lieu-dit des Champeaux (un pré, en sommes), la rue Gracieuse était le champ d’Albiac, la rue Saint Romain le Champ Malouin, la rue du Jardinet le Champ Petit, l’avenue Bosquet le Champ de la Vierge, la rue Froidevaux le Champ d’Asile, le boulevard de Port Royal le Champ des Capucins, la rue Corvisart le Champ de l’Alouette, la rue Albert le Champ Maillard. Enfin, si la rue des Panoyaux vient du vignoble « le pas noyau », le mot Batignolles provient de « Batiolles », diminutif de « Batel », qui est la partie du moulin ou tombe la farine…