Vivre à Paris

Le Paris des anciens Dieux

Les dieux gaulois qui veillaient sur Lutèce se nommaient Esus, qui ébranche un arbre, Cernunnos, dieu cerf, ou encore Smertrice, l’Hercule du panthéon Gaulois, qui vainc les monstres. Arrivent les Romains, qui imposent leur ribambelle divine. La butte Montmartre devient le Mont de Mercure, les futures Halles se couvrent d’un temple à Cybèle et l’île de la Cité contient un temple à Jupiter. En mêmes lieux et places viendront ensuite Saint Pierre de Montmartre, Saint Eustache et Notre Dame.

Comme les couches géologiques, on voit que les divins se détrônent et s’empilent. Les premiers dieux sont dans les sous-sols de notre mémoire urbaine, comme des fossiles encore inviolés. Ils incarnent les premiers rêves et les premières peurs des parisiens. Leurs premiers regards vers la transcendance. Pour les retrouver, il suffit de creuser…

Dans les fondations de l’hôtel  Dieu, sous l’ile de la cité, on aurait retrouvé une divinité tricéphale, barbue, vêtue d’une courte tunique, tenant dans ses mains une tête de bélier et une bourse.

Construisant le métro Bastille, des terrassiers auraient pour leur part découvert une statuette égyptienne d’Oushabti, déesse funéraire liée au culte d’Isis. De même, à proximité de l’église Saint Eustache fut déterrée une tête de femme en bronze d’origine inconnue que l’on pense être également Isis.

Enfin, en 1737, un certain Dubois raconte une anecdote des plus étranges : au milieu des broussailles des carrières de Montmartre, il aurait découvert l’entrée d’un souterrain sur le flanc nord de la butte, au niveau du hameau de Clignancourt. Après avoir marché sept heures en ligne droite, il serait arrivé devant un temple, véritable chapelle païenne ornée de huit statues représentant des divinités de grande taille.Parmi celles-ci,Osiris et Isis…

Cette dernière, déesse funéraire de l’Egypte antique, revient donc très souvent. Son nom est lié à l’histoire de Paris au point qu’une statue du musée de Bologne porte cette légende, Fluctuat nec mergitur. Les exégètes de l’ésotérisme urbain se plaisent même à la dénicher dans la géographie parisienne : ainsi la place de l’étoile et ses douze hôtels de maréchaux seraient-ils un clin d’œil aux douze signes du zodiaque, auxquels Isis était étroitement liée. Enfin, par décret du 24 novembre 1853, le baron Haussmann aurait supprimé Isis des armes de Paris. De quoi avait-il peur, après tout ? Mais on n’expulse pas aussi facilement une déesse..