Vivre à Paris

Le Paris des projets fous

Pour aller promptement d’un point à un autre Jules Seguin n’entendait pas démolir des rues, mais les survoler. Il réfléchit très sérieusement à un moyen de relier la  porte de la Muette à la place de la Concorde… par ballon ! La montgolfière aurait été « dirigée » par des poteaux espacés de 100 m. Chaque vol aurait contenu 250 passagers et ils auraient été au nombre de 14 par jour, d’une durée entre 8 et 18 mn ! Selon ses calculs, Seguin comptait transporter 600 000 personnes par an… Le 63 s’en charge fort bien depuis…

Le projet du dénommé Girard est encore plus fou ! Il avait imaginé un métro aquatique, qui roulerait dans l’eau, au milieu d’une faune et d’une flore maritime, constituant ainsi un aquarium, une réserve d’eau et une piscine !

Les expositions universelles qu’accueillaient Paris étaient souvent l’occasion de joyeuses cingleries. Avant que ne fut décidée l’érection de la Tour Eiffel, Bourdais, architecte du premier Trocadéro, rêva  d’une « Tour du Soleil » de 300 m, surmontée d’un phare pouvant éclairer le moindre recoin de la capitale. D’autres proposèrent une  « Tour arrosoir », en cas de canicule.

Enfin, si le gouvernement envisageait une réplique de Paris pour blouser les allemands, en 1917 (voir l’article Faux Paris).

Au Panthéon de la cocasserie, un très sérieux Comité National pour la Reconstruction des Tuileries milite depuis 2002 pour que l’immense bâtiment incendié sous la Commune joue les Phénix.

Il entend « terminer l’ensemble indissociable Louvre-Tuileries par la réédification de 20.000 m2 d’enfilades de réceptions, de salles de conférences et d’un musée des Tuileries, pour créer un centre de conférences et de réceptions de prestige, qui manque à Paris. » Rien que ça ! A cette résurrection viennent se greffer des raisons sécuritaires et morales, comme par exemple : « reconquérir 2,5 hectares de parvis à l’endroit où les bosquets sont un lieu d’insécurité au cœur de la capitale, de tentatives d’enlèvement d’enfants, de mauvaises rencontres et de vente de drogue ». Enfin, financée par le haut mécénat international et une vaste souscription populaire française et internationale, cette entreprise intégralement privée ne devrait pas dépasser les 350 millions d’euros.