Vivre à Paris

Les grandes fêtes populaires

Pendant longtemps le parisien a entretenu une relation passionnelle et passionnée avec sa rue. Evoquons ici ces grands déferlements de joie qu’on appelait les parades.

La fête de la Saint Jean n’est pas à proprement parler une parade, mais un reliquat des grandes fêtes du paganisme ancien. Chaque année, le 23 juin, un arbre de 20 mètres était brûlé sur la place de Grève (actuelle place de l’Hôtel de Ville), allumé par le roi qui enflammait le bûcher. Les chats étant de diabolique augure, nombreux les mettaient en sac pour les jeter dans les flammes… Toutefois, afin d’éviter les incendies, la tradition des feux de Saint Jean fut supprimée sous la Révolution. Plus sophistiqué était ce fameux « plaidoyer de la cause grasse » que proposaient, chaque mardi-gras, les éloquents membres de la Basoche. Ce terme désigne la communauté des clercs du parlement (Basoche venait du latin « basilica », c’est à dire « palais royal » alors sur l’île de la Cité).

Fondée sous Philippe Le Bel, la Basoche organisait chaque année des représentations de théâtre satirique ou bien des démonstrations d’éloquence, qui avaient lieu d’abord au Pré aux Clercs puis dans le Palais de Justice. Ils se livraient à de grandes parades carnavalesques, appelées « la montre », puis audit « plaidoyer de la cause grasse ». Il s’agissait d’un exercice de pure rhétorique, dont on peut voir l’héritage dans l’actuelle « conférence du stage » à laquelle se frottent les aspirants au barreau. Les membres de la Basoche se sont peu à peu mêlés à la troupe de théâtre de l’hôtel de Bourgogne, qui allait devenir la Comédie Française, bouclant ainsi la boucle de la loi et du théâtre».

S’il arrivait que le bal des Quat’z’arts, fondé à Montmartre en 1892, descendît de la Butte sous la forme d’une grande parade pour rallier l’école des Beaux-Arts, les grandes parades sont mortes avec le XXe siècle.

Il reste bien sûr le défilé du 14 juillet… Le premier eut lieu en 1919, dans une France encore toute embuée de sa victoire. Mené par ses trois glorieux maréchaux -Joffre, Foch et Pétain- les soldats descendent les champs Elysées. Tous les corps de l’armée sont là, à l’exception des aviateurs, qui n’ont pas été convoqués à la parade. Pour répondre à cet affront, le pilote Charles Godefroy bravera cette insulte le 7 aout suivant en passant sous l’arc de triomphe, avec son biplan. Sa licence lui sera retirée mais les avions seront dès lors invités au défilé !