Vivre à Paris

Les grands cafés de St Germain des Prés

Si la Closerie des Lilas, où Alfred Jarry buvait un cocktail fait d’absinthe, de vinaigre et d’une goutte d’encre violette, ne peut être considéré comme un café, Le Flore et les Deux Magots sont des institutions.

Les Deux Magots, « café liquoriste », est créé au début des années 1880. Il vient remplacer un luxueux magasin de soierie établi dans le quartier depuis 1812 (d’abord à l’angle Seine-Buci) et placé sous l’égide de deux Magots chinois. Il appartient encore aujourd’hui à la famille Mathivat. Depuis 1933 on y remet un vénérable prix littéraire. Quant au petit morceau de trottoir qui l’entoure, il a récemment pris le nom de ceux qui en furent les piliers : Place Sartre- Beauvoir.

Son aîné le Flore est fondé en 1870. Il doit son nom à une statue de la déesse de la végétation qui se trouvait à l’origine au-dessus de la porte. Alors que Jean-Paul Sartre ramassait les mégots des clients des Deux Magots pour bourrer sa propre pipe, Charles Maurras fera du Flore le quartier général de sa jeune Action-Française.

Après-guerre, il devient la propriété de Paul Boubal, qui le revendra en 1983 aux époux Siljegovic, lesquels lui ont gardé son lustre, son esprit et sa morgue. Chaque automne, la remise du prix Littéraire de Flore est un vrai moment de la vie germanopratine.

Si le Bonaparte recueille les proscrits de ces deux institutions, on a aujourd’hui oublié celui qui fut, longtemps, le troisième larron du carrefour : le Royal saint Germain. Toujours mal aimé, il sera remplacé par le Drugstore et aujourd’hui par Armani.