Vivre à Paris

Les îles de la Cité et Saint Louis

Si l’on ne peut certifier que Paris a réellement pris naissance sur l’actuelle île de la Cité (mais plutôt à Bercy ou Nanterre) c’est bien ici qu’elle a grandi, qu’elle s’est formée, qu’elle a subi ses innombrables mutations. Couvrant à l’origine 8 hectares, la Cité a plus que doublé (17 hectares aujourd’hui) par l’adjonction des alluvions drainés par le fleuve, puis l’annexion de la Motte-aux-papelards (pointe est) et des îles aux Juifs, aux Vaches et de la Gourdaine (pointe ouest), lors de la création du Pont Neuf, à l’aube du XVIIe siècle.

Le quai des Orfèvres fut d’abord une île, où se trouvait le premier hôtel Dieu ; la place Dauphine en fut une autre, où l’on brûlait Juifs et Templiers…

Sa voisine, l’île Notre Dame (et future Saint Louis) était un pré de verdure au milieu du fleuve. En 1360, alors que Charles V enserre Paris d’une muraille, on y creuse un canal, la coupant en deux. L’île devient donc archipel : à l’est l’île aux Vaches, à l’ouest l’île Notre Dame. Quoique stratégique, le terrain n’est pas construit pour autant. Les deux îles restent un terrain vague un peu bucolique, un lieu de promenade, de conquêtes. Main dans la main, on vient y regarder le jour se lever, là-bas, au loin,  derrière les vertes collines de Ménilmontant.

En 1614, les astucieux Poulletier, Le Regrattier et surtout Christophe Marie, entrepreneur des Ponts, se lancent dans un (somptueux) projet immobilier. Ils bâtissent sur l’île des immeubles dont l’harmonie n’en finit pas de fasciner. Les travaux s’achèvent en 1650 et Marie meurt en 1653… ruiné.

Epargné par la fièvre haussmannienne, l’île Saint Louis reste l’un des plus beaux exemples du Paris prérévolutionnaire. En revanche, de l’île de la Cité il ne reste que quelques rues authentiques et beaucoup de rêves enfuis. Haussmann en a fait la cité administrative de Paris, l’ombre de Notre Dame se portant désormais sur la police et la justice. Signe des temps…