Vivre à Paris

Quelques projets fous (ou non…)

Ce n’eut pas été une aberration mais un triomphe architectural que cette « Place de France » voulue par Henri IV. Après la Place Dauphine et la Place Royale (actuelle place des Vosges), cette esplanade en demi-cercle devait être adossée au rempart de l’enceinte de Charles V, au niveau de l’actuel boulevard du Temple, et regarder le Marais.

On peut en voir encore le plan, pensé par les ingénieurs Aleaume et Chastillon. Métaphore du pouvoir, les rues qui menaient à cette Place de France auraient eu pour nom ceux des grandes provinces du royaume : Picardie, Dauphiné, Poitou, Bretagne… Las, Ravaillac eut raison de ce projet. La mort du roi enterra ce beau rêve. A la place, l’entrepreneur Charlot se lança dans le lotissement de tout le nord du Marais. Seules les rues ont conservé leur « ex-futur-nom » : Poitou, Saintonge, Picardie, Forez, Beauce, Normandie…

Sous la Convention fut instaurée une commission des artistes (1793) pour faire des propositions en vue de créer de nouvelles voies dans Paris. En faisait partie Verniquet, Pasquier, Gombault, Wailly… Dissoute en 1797, elle ne laissa qu’un plan appelé « plan des artistes », où l’on découvre qu’une voie devait relier la place de la Nation au Louvre.

Sous la Révolution, on voulut ainsi remplacer la statue d’Henri IV, au centre du Pont Neuf, par une tour de 104 m de hauteur et de 14 m de diamètre, dédiée à l’astronomie et la physique…

Certaines voies ont failli changer de nom : en 1918, les Champs Elysées manquèrent de peu d’être baptisés « Avenue Georges Clémenceau ». On s’étonne d’ailleurs que le Théâtre des Champs Elysées soit sur l’avenue Montaigne, à l’opposé des Champs. Il devait au départ se trouver à la place du Cirque d’été, au Rond-Point, mais une association de défenseurs des jardins a obtenu gain de cause… le théâtre a quand même gardé son nom d’origine.